À l’occasion du 1er Forum Humanitaire Européen qui s’est tenu du 21 au 23 mars 2022 à Bruxelles, la France a annoncé le lancement de la Déclaration des bailleurs de l’aide humanitaire sur le climat et l’environnement endossée par les 27 Etats-membres de l’Union européenne. 11 organisations de la société civile française saluent cette initiative qui doit désormais donner lieu à des actions concrètes pour soutenir et accompagner une meilleure prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux par les acteurs et actrices humanitaires.
De la Zambie au Guatemala, des Philippines au Vanuatu : le changement climatique déclenche des crises humanitaires ou aggrave celles qui existent déjà. Au cours des 50 dernières années, une catastrophe liée à un risque météorologique, climatique ou hydrique s’est produite en moyenne chaque jour – tuant 115 personnes et causant 202 millions de dollars de pertes par jour, selon un récent rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale. Les changements climatiques multiplient les risques d’insécurité alimentaire et de pénuries d’eau, et mettent en péril les progrès réalisés en matière de développement. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient tout juste d’annoncer que les 3 prochaines années sont cruciales pour garder une planète vivable, notamment en atteignant un pic d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025. Face à l’urgence climatique qui touche sévèrement plus de 3 milliards de personnes à travers le monde, le secteur humanitaire a décidé de se mobiliser et d’adapter ses pratiques.
Au cours des deux dernières années, un nombre croissant d’organisations humanitaires s’est en effet engagé à davantage prendre en compte les enjeux climatiques et environnementaux dans leur réponse aux besoins humanitaires. 225 organisations ont ainsi signé la Charte sur le climat et l’environnement pour les organisations humanitaires, lancée en mai 2021 par le mouvement de la Croix Rouge. 10 ONG françaises ont également adopté en décembre 2020 une Déclaration d’engagement des organisations humanitaires sur le climat. L’objectif ? D’une part, mieux intégrer les risques climatiques dans les projets humanitaires en mettant l’accent sur une meilleure préparation des populations et une action précoce ; de l’autre, s’assurer que les activités réalisées par les ONG nuisent le moins possible à l’environnement (émissions de gaz à effet de serre, déchets et pollutions, consommation importante de ressources naturelles).
Or ces efforts nécessitent d’être soutenus et financés par les bailleurs de fonds. Le 21 mars 2022, la France a annoncé l’adoption par les 27 Etats-membres de l’Union européenne de la Déclaration des bailleurs de l’aide humanitaire sur le climat et l’environnement. Cette déclaration, qui a fait l’objet d’une consultation avec les ONG, constitue une première étape importante, et doit maintenant se traduire par des actions concrètes dans trois domaines :
A travers cette initiative des bailleurs, la France, qui assure la présidence du Conseil de l’UE de janvier à juin 2022, positionne l’UE comme moteur de cette mobilisation. Il faut maintenant transformer l’essai et enjoindre d’autres gouvernements à rejoindre le mouvement. Il est temps de prouver au GIEC que le monde humanitaire (ONG internationales, associations locales, bailleurs de fonds, agences onusiennes..) ne se contente pas de lire les rapports scientifiques sur le climat, mais est déterminé à adapter ses pratiques et agir en conséquence.